Ô décembre, mois des réjouissances par excellence, des manteaux tout chauds, des cadeaux, des retrouvailles et des repas par milliers. Seulement voilà, quand on est en parcours de procréation médicalement assistée (PMA), cette période n’est pas toujours source de joie. Vous êtes probablement épuisée. Si l’année se termine, votre combat contre l’infertilité quant à lui se poursuit.
C’est pourquoi nous avons réuni un concentré de témoignages et de précieux conseils. Ainsi, nous espérons que vous pourrez mieux appréhender ces fêtes. Car plus que personne, vous méritez votre parenthèse enchantée, en fonction de vos besoins et de vos envies. Et pas uniquement en fonction des traditions.
1. Les festivités ne riment pas toujours avec gaieté
Décembre, le mois des rassemblement des petits et grands
Amour, travail, projets, santé : les réveillons du 24 et du 31 décembre sont un vaste carrefour familial et amical où les mises à jour vont et viennent. Les nouvelles s’échangent, les discussions s’entrecroisent et parfois, les moqueries et les blagues vont bon train. Pendant qu’elles fusent, d’autres usent. Chacun y va de son petit commentaire, y partage sa réflexion, bien souvent sous couvert de gentillesse ou d’encouragement.
Maladresse, manque de bon sens ou de bienséance : si certains comportements ne sont pas volontaires, d’autres peuvent sincèrement blesser compte tenu de leur degré de dureté ou méchanceté.
Et bien qu’ils soient moins bavards que leurs aînés, les enfants sont généralement dans les environs. Mais pour vous, ils reflètent aussi cet enfant que vous ne pouvez pas avoir actuellement. Neveux ou nièces, ils sont ce rêve ambulant, vous rappelant constamment que votre vœu de pouvoir devenir maman ne s’est pas encore réalisé. Courage.
Du courage, il vous en faudra cette année pour affronter ces grandes réunions et scènes de vie loin d’être féériques. Comme en témoigne Laura, armez-vous de patience et de bienveillance.
C’EST VOUS QUI LE DITES #MONHISTOIREPMA
Ce que vit Margot, vous êtes nombreuses à le ressentir également :
« La maladresse de mes proches n’est pas malveillante de leur part dans la majorité des cas. Mes parents et mes sœurs ont été très maladroits à Noël dernier mais pourtant je sais qu’au fond ils essayaient vraiment de comprendre. Par contre ma belle mère c’était une autre affaire…» .
Pour Laura, ces fêtes de fin d’année ont longtemps été difficiles à vivre :
« J’ai haï ces fêtes, regards, questions, cette pression (consciente ou inconsciente) sociétale et familiale pendant de nombreuses années.
Et pour la première fois de ma vie, à 39 ans (et après cinq années de parcours), je vais fêter Noël avec un bidon tout rond… J’envoie des milliers de pensées à toutes ces sœurs de combat qui n’ont pas encore cette chance… votre tour viendra, fermez vos oreilles aux remarques blessantes (… les gens ne savent juste PAS…) et gardez vôtre cœur ouvert… ».
Des célébrations parfois sans modération
De l’apéritif au digestif, du foie gras à la bûche glacée, ce mois de décembre est rempli de fêtes à tout va.
De votre côté, que l’appétit soit au rendez-vous ou non, il est très probable que vous suiviez actuellement un régime alimentaire spécifique. En effet, qu’il ait été recommandé par votre équipe médicale ou décidé par vous-même, vous mettez un point d’honneur à votre hygiène de vie (vous pouvez être très fière de vous !). Plus saine elle est, meilleur le succès de votre traitement sera. Depuis des semaines donc, vous vous y tenez. Déterminée et motivée, vous choisissez avec attention les aliments que vous souhaitez consommer.
Noël et nouvel an : des fêtes dépourvues de bonnes nouvelles
Dans votre cas, qu’il soit célébré le 24 au soir ou le 25 au matin, cette fête risque de ne pas avoir la même saveur cette année. « Pas de Noël heureux, le sapin restera vide.» partage Sarah, elle qui espérait tant un miracle. On sait à quel point c’est douloureux de garder la tête haute quand les essais et traitements ne sont pas concluants.
Dernier cap à passer : celui du 31 décembre, que vous redoutez tant. Ce moment où minuit sonné, les accolades, embrassades et voeux s’échangent à foison : ‘Bonne année, en espérant que celle-ci fasse de ton rêve une réalité’. Bien évidemment, vous croisez fort les doigts pour que l’an prochain puisse vous ‘apporter une santé d’enfer et beaucoup de +++’. Mais entendre quelqu’un vous le souhaiter produira l’effet contraire.
2. Des joyeux conseils pour surmonter cette période festive
Être indulgent avec soi-même
Tout d’abord, il est important de rappeler que, le parcours PMA est un combat difficile, qui fait grandement fluctuer hormones et émotions.
Il est donc normal de ne pas avoir ni le cœur ni le corps à la fête. Comme le souligne Nadia « Je suis fatiguée et trop sensible, ce qui ne me rend pas du tout objective ni patiente ». Redoubler d’enthousiasme et d’énergie quand vos réserves sont au plus bas n’est pas une mission facile. Car oui, bien souvent, votre traitement est responsable de votre fatigue et de votre sensibilité.
Dans ce tourbillon de festivités, quelles que soient les décisions que vous prenez, la culpabilité ne doit pas être de la partie. Veillez à la remplacer par l’auto-compassion. Vous avez besoin de prendre soin de vous comme vous prendriez soin d’une personne que vous aimez. Avec sympathie et douceur.
Faire le choix de ne pas mettre ses proches dans la confidence
Pour beaucoup d’entre vous, le silence semble être votre allié. En faisant le choix de garder votre parcours PMA secret, vous évitez ainsi la confrontation et l’avalanche de questions ou conversations angoissantes.
Car même si vos proches sont plein de bonnes intentions, leurs réactions sont avant tout naturelles comme nous le rappelle Juliette Allais, psychopraticienne formée au transgénérationnel : « Nos parents se soucient, ils voudraient toujours mieux pour nous. Et il leur est difficile de trouver le juste équilibre entre nous soutenir et nous laisser respirer ».
Claire témoigne : « Ma famille n’est pas au courant ! Au moins, pas de sujet abordé et on est tranquille ! Et si ça ne fonctionne pas, on leur dira qu’on ne voulait pas, personne de déçu. Ça fait 10 ans qu’on est ensemble et 3 ans d’essai bébé ».
Chloé a opté pour la même stratégie l’an dernier : « Idem de mon côté. Pas de commentaires embarrassants ! Je n’avais pas envie que ça soit le sujet de conversation à Noël. Je me dis que quand tout va bien, personne ne raconte ses projets bébé ou autres, c’est intime et personnel je trouve »
Opter pour une communication transparente
À l’inverse du silence, certaines préfèrent la transparence. En effet, cette communication peut être bénéfique, tant pour vous que pour les membres de votre entourage. S’ils sont au courant, ils pourront respecter votre choix et faire en sorte de bien se comporter. Voire de s’excuser si quelqu’un ‘dérape’ ou vient à accidentellement aborder le sujet.
En amont du réveillon, vous pouvez envisager « une piqûre de rappel ». De vive voix ou par message groupé, annoncez clairement que vous participerez à ce Noël en famille ou à cette soirée entre amis si et seulement si ils sont prêts à respecter vos conditions, telles que :
- Ne pas aborder le sujet de l’infertilité à moins que vous le décidiez
- Ne pas donner de conseils déguisés en blagues
- Ne pas s’inquiéter si vous décidez de vous mettre à l’écart
- Ne pas inciter ou insister à vous faire manger des aliments ou boissons que vous ne souhaitez pas consommer, même sous le ton de l’humour. En effet, si tel est votre choix, avertissez-les que votre menu de fête sera différent du leur étant donné que dans le cadre de votre PMA, vous privilégiez un régime particulier. Pour une meilleure organisation, vous pouvez préparer votre pique-nique chic et pratique composé de vos mets faits-maison et de vos raisonnables portions.
Vous limiterez ainsi les moments gênants, les querelles, l’incompréhension ou les larmes soudaines.
Le psychologue Samuel Dock invite à rencontrer individuellement ses proches avant le jour J : « Ces retrouvailles moins solennelles leur ôtent leur part d’étrangeté ». Il conseille aussi d’oser parler pour éviter la frustration pendant les fêtes. « Si vous n’approuvez pas les réflexions de tonton Georges, dites-lui que, selon vous, ce n’est pas le bon moment pour les exposer. » confie t-il au magazine Psychologies.
C’EST VOUS QUI LE DITES #MONHISTOIREPMA
Julie a fait le choix de la communication transparente avec ses proches en période de Noël.
« En parler n’a pas empêché les gens d’être indélicats voir complètement « con », ni de me blesser voir même me faire pleurer (sans faire exprès),…
Mais moi ça m’a aidé ! Aidé à ne pas exploser, aidé à ne pas me consumer, aidé à ne pas partir en vrille, aidé à ne pas déprimer, aidé à ne pas avoir honte, aidé à me relever, aidé à passer à autre chose. »
Profiter des fêtes pour recharger ses batteries
Malgré le nombre de scènes maladroites ou douloureuses auxquelles vous pourriez être exposée, certaines d’entre vous ont sincèrement envie d’être entourée de leurs proches..
Rien de tel que leur présence pour vous permettre de vous ressourcer et de vous changer les idées. Car une fois la magie de Noël terminée, il faudra repartir sur le front des examens, de l’attente et des résultats. Vous méritez donc de faire le plein de soutien en amont. Maëlle confirme : « Noël est un bonheur de retrouver mes neveux et nièces avec qui j’ai construit une relation fusionnelle et très complice. J’ai besoin de ça, d’eux pour continuer à avancer ».
3. Cette année, réveillonnez autrement
Noël, une fête habituellement heureuse à la définition douloureuse
Pour beaucoup, Noël symbolise la fête de l’espoir, de la générosité, de la joie. Mais ce qui n’est pas le cas pour des milliers de personnes, PMA ou non. Il existe même un terme pour qualifier ceux et celles qui ont peur de Noël : les natalophobes.
Lors d’une interview donnée au magazine l’Express, le psychanalyste Pascal Neveu donnait quelques conseils à ceux et celles souffrant de cette phobie. Pour lui, il est important de « se réapproprier cette fête pour en faire ce qu’on veut et non pas ce que les autres voudraient qu’elle soit ».
Et vous, quel Noël voulez-vous ? Vous pouvez créer votre propre format festif : passer un Noël à temps partiel, s’exiler en petit comité, se retrouver avec sa moitié.
Des rituels à réinventer
Osez revoir les règles du jeu à votre façon, sans sapin ni festin en choisissant :
- Vos invités : petit comité ou votre soeur et son mari seulement
- Votre menu : sain, sans bulle ni pression
- Le lieu : dans un gîte loin du quotidien
- Le bonus baume au cœur : un jeu de société ou un classique du cinéma, pour rire aux éclats
LE CONSEIL PSY
D’après la psychanalyste Juliette Allais, il est important de s’éloigner de la pression imposée, soit par la société, soit par sa propre famille en modifiant ses habitudes.
« Les fêtes sont très investies pour confirmer la famille idéale que l’on voudrait être, celle qui nous a manqué. Mais les moments de retrouvailles révèlent l’écart entre l’idéal et la réalité. Et c’est parfois très douloureux. (…). Vous n’êtes pas obligé de vous conformer au rituel. Demandez-vous ce qui vous ferait vraiment plaisir cette année : un petit voyage, une soirée au théâtre ? »
En parlant d’invités, pourquoi ne pas profiter de ces moments sacrés pour les passer à deux, en amoureux ? Votre couple est bouleversé durant ce parcours, alors ce mois de décembre peut être une belle occasion de ralentir, de discuter, de réfléchir, de se concentrer sur le positif et sur l’avenir. Sans oublier de célébrer toutes les victoires et les étapes franchies de ce parcours PMA. Voilà pourquoi Margaux a fait ce choix : « Alors voilà pour moi et ma moitié c’est décidé on restera tous les 2 et ce sera très bien ! ».
En cette fin d’année, laissez la bienveillance, l’amour et l’espoir briller. Plus fort que les essais multipliés, les échecs accumulés et les années passées : « Le réveillon tant attendu est arrivé. Comme nombreuses d’entre vous, Noël ne voulait plus rien dire. Pendant 10 ans, je n’ai rien lâché. Je suis passé par toutes les phases. Attente, échec, perte, dépression, colère etc… 10 ans de parcours pour aujourd’hui, fêter le plus magnifique des Noël. Gardez espoir les filles ». Merci à Maud pour ce beau message de fin.