Alexandra est maman d’un petit garçon de 9ans. En 2017, elle décide avec son conjoint de retourner en parcours PMA pour faire de son fils un grand frère. À ce jour, elle a vécu 5 Fécondations In Vitro (FIV), une fausse couche et une grossesse extra-utérine. Elle ne baisse pas les bras.
Quelle est ton histoire de PMA ?
Depuis mars 2017, mon conjoint Éric et moi-même essayons d’agrandir notre famille. Notre petit garçon de 9 ans est né d’un premier parcours de Procréation Médicalement Assistée (PMA).
J’ai tout d’abord réalisé 4 Fécondations In Vitro (FIV) dans un premier centre de PMA. Lors de ma première FIV, nous avons transféré nos 2 seuls embryons. Malheureusement, ce parcours s’est terminé en fausse couche, qui a été très dure à vivre. À la suite de cet échec, nous avons entrepris une deuxième FIV où nous avons eu seulement un embryon. Mais, à la suite du transfert, j’ai fait une grossesse extra-utérine. Celle-ci n’a pas été suffisamment prise en charge par les gynécologues. J’ai donc dû me faire opérer en urgence environ quinze jours après l’annonce de cette grossesse extra-utérine. J’ai perdu une trompe au cours de ce parcours…
Nous n’avons pas baissé les bras. Nous nous sommes lancés pour une troisième FIV puis une quatrième, qui se sont terminées de la même manière. Nous n’avons eu qu’un seul embryon et ces deux tentatives n’ont pas abouti.
Par la suite, notre gynécologue nous a conseillé de nous faire suivre dans un autre centre PMA. Nous y avons réalisé une cinquième FIV, avec un seul embryon, qui malheureusement n’a pas été réussie.
Face à ces échecs, l’équipe médicale nous a proposé d’avoir recours à une FIV avec Don d’Ovocytes (FIV DO), ce que nous avons accepté. Nous avons reçu une première attribution de 5 ovocytes. Seulement 3 ont pu être fécondés. En décembre 2021, ce dernier transfert a mené à une grossesse biochimique.
LE POINT SUR : LES GROSSESSES BIOCHIMIQUES
La grossesse biochimique désigne une fausse couche ultra-précoce, c’est-à-dire l’arrêt du développement de l’embryon. Souvent, il n’y a pas le moindre signe de grossesse. Si la grossesse s’est faite naturellement, les symptômes ne seront pas perçus et seront confondus avec les menstruations.
En revanche, après une FIV, le terme de grossesse biochimique signifie le début d’une grossesse confirmée par une prise de sang 14 jours après la ponction. Très souvent, le dosage de l’hormone bêta-hCG est positif et signifie un début de grossesse mais aucun signe clinique n’est présent. La gestation étant très courte, les symptômes sont peu perceptibles. Voici les plus fréquents :
- Douleurs abdominales semblables à des règles
- Saignement vaginal rouge vif
- Passage de caillots lors des menstruations
- Petites contractions et douleurs dorsales
Source : revue médicale inviTRA
Nous avons eu une nouvelle attribution en mars 2022 de 5 ovocytes. Depuis juin dernier, j’ai effectué un premier examen MatriceLab, puis un protocole test et un nouvel examen MatriceLab. Les résultats de ces analyses démontrent une sur-activité immunitaire.
Quelle est la suite ? Un nouveau protocole MatriceLab est prévu. Avant cela, j’ai aussi passé une IRM qui a permis de diagnostiquer de l’endométriose. Par conséquent, je me fais opérer ce 29 décembre pour une cœlioscopie.
Quelle est ta plus grosse épreuve dans ton parcours PMA ?
Durant tout ce parcours, l’épreuve la plus difficile a été la fausse couche à la suite de ma première FIV.
De plus, quelques mois après la grossesse extra-utérine, j’ai vu à l’échographie un petit sac et un petit embryon à l’intérieur. Prendre conscience du fait qu’il allait disparaître, alors qu’il était bien présent, a été une épreuve extrêmement difficile à surmonter. Et évidemment, se relever de ces 7 transferts a aussi relevé d’un défi sans précédent.
De quoi es-tu la plus fière dans ce parcours ?
Je suis fière de la personne que je suis devenue suite à ce parcours. Je suis fière de réussir à partager enfin mon histoire et fière d’avoir la chance de la partager aujourd’hui avec la communauté Dulcy.
Quel est ton « truc » pour te faire du bien ?
Les plus beaux moments sont ceux que je me réserve et que je m’octroie à moi-même ainsi que ceux que je partage avec ceux que j’aime. Parfois, je pars voir la mer, c’est un endroit où je me sens bien. J’aime aussi boire un bon verre de vin et surtout savoir me faire plaisir parce que ce parcours nous prive, parfois, de beaucoup de bonnes choses.
Comment expliques-tu ton parcours PMA à ton fils de 9 ans ?
Nous avons eu la chance d’avoir notre fils de manière naturelle, entre deux inséminations.
Il sait que nous désirons agrandir notre famille et que nous avons besoin d’aide pour cela. Nous lui avons tout expliqué : pour ce deuxième enfant, nous avons besoin de « l’oeuf » d’une autre personne, mais ce bébé sera son frère ou sa soeur, cela ne changera rien. Lorsqu’il me pose des questions, je lui réponds sans mentir.
Il participe à ce projet bébé : il m’a vue me faire des piqûres, il a même participé à certaines des injections, il est à mes côtés à chaque test de grossesse.
Comment vit-il ce combat et ces épreuves telles que la fausse couche ?
À ma première FIV, lorsque le résultat a été positif, mon fils a sauté de joie. Lorsque nous avons appris que je faisais une fausse couche, il était assis sur le canapé, à côté de moi, et m’a dit qu’il allait prendre soin de moi et me protéger.
Je pense que ce parcours est difficile pour lui. À l’école, il me raconte souvent qu’il est le seul à ne pas avoir de frère ou de soeur. Je le rassure en lui expliquant que, pour certaines familles, l’attente est plus longue.
En 2017, il n’avait que 4 ans. Il a bien grandi et le dialogue est plus développé. Il a également son propre jardin secret et en parle avec Brigitte, sa psychanalyste.
Quel rôle ton fils a-t-il pris dans ton parcours ?
Il nous donne encore plus envie de nous battre. Mais il nous montre également que, à trois, notre vie est tout aussi belle.
Lorsque nous avons démarré en 2017, ce parcours a sûrement été trop envahissant dans notre vie. Il fallait tout programmer et mon fils m’a vu parfois mal. Il m’arrive de m’en vouloir de ne pas avoir réussi à cacher ce mal-être. Aujourd’hui, ce parcours ne nous « gâche » plus la vie. Nous avons arrêté de bloquer des projets de vie en nous disant « et si je suis enceinte à ce moment-là… ». Nous voulons profiter de la vie à trois.
Que voudrais-tu dire à ton partenaire de vie ?
Il a été parfait et l’est toujours autant. Il m’accompagne au mieux dans ce parcours. Ce combat, nous le menons tous les deux de front. Parfois, nous le menons même à trois car mon fils pose énormément de questions et on ne souhaite pas lui mentir. Nous le gagnerons ensemble coûte que coûte.
Quel est ton message pour les femmes en parcours PMA ?
Il faut toujours y croire. Je n’ai pas réussi à avoir le deuxième mais je suis certaine qu’au bout de ce parcours, une jolie chose nous attend.
Tant que la médecine nous donne le pouvoir d’avoir ce bébé tant attendu, je souhaite continuer à me battre. Mais, surtout, il est primordial de ne pas s’oublier et ne pas oublier la personne avec qui nous partageons ce parcours.
Communiquer est essentiel. J’ai mis beaucoup de mots sur mes maux pendant ce parcours, c’est ce qui nous fait tenir. Mon conjoint m’a vu dans les pires moments de ma vie et a toujours été là pour m’aider à me relever. Il n’a jamais forcé les choses parce qu’il sait à quel point les femmes subissent dans ce parcours entre les hormones, les échographies, les prises de sang…
